Les difficultés concernant la tentation
En matière de tentation, et dans le domaine de la marche pratique par la foi, on fait souvent de grandes erreurs. Tout d'abord, certains semblent croire que lorsqu'ils se sont engagés dans le repos de Dieu, les tentations vont cesser, et que Dieu va les délivrer, non seulement de la chute, mais aussi de toute tentation. Quand ils découvrent ensuite que les Cananéens sont encore installés dans la terre promise, et quand ils s'aperçoivent qu'il y a de grandes cités fortifiées jusqu'au ciel, ils sombrent dans le découragement. Ils pensent qu'ils ont dû se tromper de route, et qu'ils ne doivent pas se trouver au bon endroit.
Ensuite, ils font l'erreur de croire que la tentation est un péché, et de s'accuser de quelque chose dont seul l'ennemi est responsable. Cela attire sur eux un esprit de condamnation et de découragement. Quand on demeure dans le découragement, celui-ci finit toujours par produire le péché. L'ennemi s'empare facilement d'une âme découragée. C'est pourquoi nous chutons souvent à cause de la crainte même de chuter !
Pour régler la première de ces difficultés, il faut tout d'abord se référer aux déclarations de l'Ecriture, qui nous dit que la vie chrétienne est un combat permanent. Surtout à partir du moment où nous réalisons que nous sommes assis en Christ dans les lieux célestes. Car nous avons alors à lutter contre des ennemis spirituels, dont la puissance de tentation est bien plus grande que celle de tous les ennemis que nous avons pu rencontrer jusque-là. En fait, les tentations deviennent dix fois plus fortes une fois que nous sommes entrés dans la vie spirituelle plus profonde. Elles ne diminuent certainement pas ! Pourtant, ces tentations, quelle que soit leur puissance, ne doivent jamais nous faire croire que nous n'avons pas encore trouvé notre véritable demeure spirituelle. De fortes tentations sont en général le signe d'une grande grâce, plutôt que le contraire. Quand les enfants d'Israël ont quitté l'Egypte, le Seigneur ne leur a pas demandé de traverser le pays des Philistins. Pourtant, c'était le chemin le plus court. Dieu leur dit : "Le peuple pourrait se repentir en voyant la guerre, et retourner en Egypte" (Exode 13:17). Plus tard, quand ils eurent appris à Lui faire davantage confiance, Dieu permit que leurs ennemis les attaquent. Pourtant, tout au long de leurs marches dans le désert, ils ne rencontrèrent que peu d'ennemis, et n'eurent à combattre que peu de batailles, comparativement à tout ce qu'ils durent affronter dans la terre promise. Là, ils durent combattre sept grandes nations, et conquérir 31 rois, retranchés dans des villes fortifiées, ainsi que des géants.
Ils ne pouvaient pas combattre ces sept nations avant d'avoir pénétré dans le pays où elles vivaient. Ainsi, cher Chrétien, la puissance de vos tentations peut être simplement l'indication que vous êtes entré dans la terre que vous recherchiez, parce qu'il y a là des tentations particulières. Ne permettez jamais à vos tentations de vous faire croire que vous n'êtes pas encore entré dans votre "terre promise spirituelle" !
La seconde erreur n'est pas très facile à corriger. Il semble pourtant évident de dire que la tentation n'est pas le péché. Pourtant, la plupart des problèmes dans ce domaine viennent du fait que beaucoup de Chrétiens confondent tentation et péché. Une simple suggestion impure semble déjà souiller la pauvre âme tentée, qui ne reconnaît pas la nature du mal, et qui commence à se sentir très mal et très éloignée de Dieu pour avoir eu de telles pensées et de telles suggestions. C'est comme un voleur qui aurait pénétré par effraction dans une maison, et en aurait été chassé par le maître de maison, mais qui serait ensuite revenu pour accuser le propriétaire d'être lui-même le voleur ! C'est la ruse magistrale de l'ennemi pour nous prendre au piège. Il vient nous envoyer des suggestions impures, des pensées de doute, de blasphème, de jalousie, d'envie et d'orgueil ; puis il nous dit : "Comme tu dois être méchant et mauvais pour avoir de telles pensées ! Il est clair que tu ne fais aucune confiance au Seigneur ! Car si c'était le cas, il serait impossible que de telles choses entrent dans ton coeur !" Un tel raisonnement semble très plausible, au point que beaucoup d'âmes l'acceptent comme vrai. Elles se trouvent aussitôt sous la condamnation, et sont remplies de découragement. Il est ensuite facile pour le Malin de les faire tomber dans le péché. Dans une vie de foi, l'une des choses les plus fatales est le découragement. L'une des choses les plus salutaires est la joie. Un homme très sage a dit un jour que, pour vaincre la tentation, il y avait trois armes très utiles. La première était la joie, la seconde était encore la joie, et la troisième toujours la joie! Nous devons nous attendre à vaincre. C'est pour cela que le Seigneur a dit aussi souvent à Josué : "Fortifie-toi et prends courage !" "Ne t'effraye point, et ne sois point découragé !" "Fortifie-toi et aie bon courage !" Et c'est aussi pour cela qu'Il nous dit : "Que votre coeur ne se trouble point, et ne s'alarme point !" La tentation tire sa puissance du découragement de notre propre coeur. L'ennemi le sait très bien, et commence toujours ses attaques en essayant de nous décourager, s'il le peut.
Parfois le découragement vient quand nous sommes attristés ou dégoûtés d'avoir pu avoir de telles tentations. Mais cette mortification vient du fait que nous nous plaisions secrètement à penser que nos désirs étaient trop purs, et notre séparation du monde trop complète, pour être capable d'avoir de telles tentations. Nous avions une haute idée de nous-mêmes, et avons été très déçus de voir qu'il n'en était rien. D'où le découragement. Cette mortification et ce découragement sont bien plus graves que la tentation elle-même, quoiqu'ils aient une apparence de vraie humilité. Car ils ne sont rien d'autre que la conséquence d'un amour-propre blessé. Une véritable humilité peut très bien supporter que soient révélées notre folie et notre faiblesse. Elle n'attend rien de notre "ego," et sait que notre seule espérance et notre seule attente doivent être en Dieu. Au lieu de faire tomber notre âme dans le découragement, la vraie humilité la pousse à avoir une confiance encore plus grande dans le Seigneur. Mais la fausse humilité, qui vient de notre "moi" charnel, plonge notre âme dans un découragement qui est en fait un abandon de la foi, et qui n'est autre que le péché même qui cause sa détresse.
Je me rappelle avoir entendu une histoire qui avait été très parlante pour moi:
Un écrivain de l'ancien temps a dit : "Tout découragement vient du diable". J'aimerais bien que tous les Chrétiens en soient convaincus, et ne l'oublient jamais ! Nous devons fuir le découragement, avec autant d'énergie que nous devons fuir le péché. Mais il nous est impossible de le faire, si nous ne savons pas qui est à l'origine de la tentation. Si nous étions responsables de la tentation, nous ne pourrions pas éviter d'être découragés. Mais ce n'est pas le cas. La Bible dit : "Heureux l'homme qui supporte patiemment la tentation ; car, après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que le Seigneur a promise à ceux qui l'aiment" (Jacques 1:12). Elle nous fait aussi cette exhortation : "Mes frères, regardez comme un sujet de joie complète les diverses épreuves (ou "tentations") auxquelles vous pouvez être exposés" (Jacques 1:2).
Il est donc clair que la tentation ne peut pas être le péché. En vérité, le péché, c'est de prêter une oreille complaisante à toutes les suggestions mauvaises qui se présentent à nous. C'est même un péché plus grave que le fait de prêter l'oreille aux jurons et aux paroles impures de ceux que nous croisons dans la rue. Le péché, dans les deux cas, consiste à s'arrêter et à écouter avec complaisance. Si nous recevons des suggestions mauvaises ou impures, nous devons donc nous en détourner aussitôt, de même que nous nous détournerions de conversations impures. Dans ce cas, nous ne péchons pas. Mais si nous les laissons entrer dans nos pensées, ou si nous en faisons un sujet de conversation, si nous les considérons plus ou moins volontairement comme vraies, alors nous péchons. Nous pouvons être tentés par le mal mille fois par jour, sans jamais pécher. Nous ne pourrons jamais empêcher les tentations. Mais si l'ennemi parvient à nous faire croire que les tentations qu'il nous envoie sont des péchés pour nous, il a déjà à moitié gagné la bataille, et ne tardera pas à remporter une complète victoire.
Une chère soeur vint un jour me trouver. Elle était complètement dans les ténèbres, pour la simple raison qu'elle ne connaissait pas cette vérité. Elle marchait depuis quelque temps avec beaucoup de joie dans une vie de foi. Elle avait été tellement libérée de toute tentation, qu'elle commençait à penser qu'elle ne serait plus jamais tentée. Mais soudain, elle fut assaillie par une tentation très particulière, qui l'horrifia. Dès qu'elle commençait à prier, toutes sortes de pensées abominables l'assaillaient. Elle avait vécu une vie très protégée et très innocente. Ces pensées étaient tellement horribles pour elle qu'elle crut qu'elle devait être la plus grande des pécheresses pour les avoir. Elle commença à se dire qu'elle n'était sans doute jamais entrée dans le repos de la foi, et finit par conclure qu'elle n'était jamais née de nouveau. Son âme était dans l'agonie du désespoir. Je lui dis que ces pensées horribles n'étaient que des suggestions de l'ennemi, qui venait la visiter dès qu'elle s'agenouillait pour prier. C'était lui qui déversait ces pensées en elle. Il ne fallait absolument pas qu'elle s'en rende responsable. Elle ne pouvait pas s'empêcher d'en avoir conscience, de même qu'elle ne pourrait pas s'empêcher d'entendre un homme impie prononcer des blasphèmes en sa présence. Je l'exhortai donc à considérer ces pensées comme des oeuvres de l'ennemi, de ne pas s'accuser elle-même, ni se décourager. Mais elle devait immédiatement se tourner vers Jésus pour Lui confier ces pensées. Je lui fis remarquer à quel point l'ennemi avait pris avantage sur elle en lui faisant croire que ces pensées venaient d'elle, et en la plongeant dans la condamnation et le découragement. Je l'assurai qu'elle pourrait remporter une rapide victoire si elle n'accordait aucune attention à ces pensées, en ignorant leur présence, et en s'en détournant pour regarder au Seigneur.
Elle s'empara de cette vérité. L'ennemi sait que si un Chrétien se rend compte que ces suggestions mauvaises viennent de lui, il s'en détournera bien plus vite que s'il est persuadé que ces suggestions viennent de son propre coeur ! Si Satan annonçait chacune de ses tentations par ces paroles : "C'est moi, Satan, ton ennemi acharné ! Je viens pour te faire pécher !", je suppose que vous n'auriez aucune envie de céder à ses tentations ! Il a besoin de se cacher pour rendre ses appâts attractifs. Nous remporterons une victoire bien plus facile si nous n'ignorons pas ses desseins, et si nous le reconnaissons dès qu'il s'approche.
En matière de tentation, nous faisons aussi une autre grande erreur, celle de croire que le temps passé à combattre la tentation est du temps perdu. Les heures passent, et il nous semble que nous ne faisons aucun progrès, parce que nous sommes tellement occupés à lutter contre les tentations. Mais il arrive souvent que nous ayons bien mieux servi Dieu pendant ces heures de combat, que pendant les moments où nous étions relativement épargnés par les tentations. En réalité, la tentation est bien plus la marque de la haine que Satan éprouve contre Dieu, que de celle qu'il éprouve contre nous. Il ne peut pas toucher à notre Sauveur, mais il peut blesser notre Sauveur en nous faisant chuter. S'il est heureux de notre ruine, c'est parce qu'il sait qu'elle touche le Seigneur. En réalité, nous menons donc les guerres de l'Eternel quand nous luttons contre la tentation. Dans ces circonstances, les heures que nous passons à combattre pèsent lourd. Il est écrit : "Heureux l'homme qui supporte patiemment la tentation". Je suis sûre que cela concerne aussi des tentations continuelles et fréquentes. Rien ne cultive autant la grâce de la patience que le fait de supporter patiemment la tentation. Rien ne peut autant rapprocher notre âme du Seigneur Jésus que de continuelles tentations. Finalement, rien ne concourt autant à la louange, à l'honneur et à la gloire de notre cher Seigneur, que l'épreuve de notre foi, au travers de diverses tentations. La Bible nous dit qu'elles sont plus précieuses que l'or, pourtant éprouvé par le feu. La Bible nous dit aussi que si nous supportons patiemment l'épreuve, nous recevrons une pleine récompense, la "couronne de vie que le Seigneur a promise à ceux qui L'aiment".
Nous n'avons donc plus le droit de nous étonner de cette exhortation que nous donne le Saint-Esprit, au début de l'épître de Jacques : "Mes frères, regardez comme un sujet de joie complète les diverses épreuves auxquelles vous pouvez être exposés, sachant que l'épreuve de votre foi produit la patience. Mais il faut que la patience accomplisse parfaitement son oeuvre, afin que vous soyez parfaits et accomplis, sans faillir en rien" (Jacques 1:2-4).
Il est donc clair que la tentation est le moyen béni choisi par Dieu pour nous perfectionner. C'est ainsi que les propres armes de l'ennemi se retournent contre lui. Nous voyons aussi que toutes choses, même les tentations, concourent au bien de ceux qui aiment Dieu.
En ce qui concerne la victoire sur la tentation, je crois qu'il n'est pas nécessaire de rappeler à ceux auxquels je m'adresse en ce moment, qu'elle doit être remportée par la foi. Car la foi est le fondement sur lequel repose toute notre vie spirituelle. Notre constant leitmotiv est toujours : "Nous ne sommes rien, Christ est tout". Partout et toujours, nous nous tenons debout, nous marchons, nous remportons la victoire, et nous vivons par la foi. Nous avons découvert notre propre impuissance personnelle, et nous savons que nous ne pouvons rien faire par nous-mêmes. Notre seule solution, par conséquent, est de confier toute tentation à notre Seigneur, en Lui faisant confiance pour qu'Il remporte la victoire pour nous. Mais nous ne devons jamais reprendre ce que nous Lui avons confié ! De même que nous nous sommes donnés à Lui pour être sauvés, nous devons nous donner à Lui de la même façon pour être vainqueurs. De même qu'Il nous a donné un salut complet, Il nous donnera aussi une victoire complète sur la tentation. Si nous avons été sauvés par la foi, nous devons aussi être vainqueurs par la foi !
Les victoires remportées par le Seigneur sur nos tentations, quand nous Lui faisons confiance, ne sont rien d'autre que des miracles. Des milliers de Chrétiens peuvent en témoigner.
Je ne peux pas développer à présent ce thème de la victoire sur la tentation, car mon objet était de parler de la tentation elle-même, et de la mettre pleinement en lumière. Je veux aider des âmes fidèles et consciencieuses à être délivrées de l'esclavage dans lequel elles tomberont certainement, si elles ne comprennent pas la vraie nature de la tentation, et l'assimilent à un péché. Je veux qu'elles sachent que les tentations constituent, après tout, un moyen inestimable d'assurer la progression de notre âme. Quelle que soit leur source, les tentations sont toujours utilisées par Dieu pour produire en nous de nombreuses grâces et bénédictions. Sans cela, la formation de notre caractère chrétien serait incomplète. Chaque fois que nous sommes tentés, Dieu est avec nous, contrôlant et maîtrisant la puissance de la tentation. Le saint dans le désert peut s'écrier : "Où étais-Tu, Seigneur, quand j'étais tenté ?" A cette question, le Seigneur répond avec tendresse : "Tout près de toi, mon fils, tout le temps !"
Les tentations nous mettent à l'épreuve. Nous n'aurions aucune valeur si nous n'étions pas éprouvés. Les tentations nous permettent de développer notre force spirituelle, notre courage et aussi notre connaissance. Et ce que Dieu désire le plus ardemment, c'est notre développement. Combien notre vie spirituelle serait superficielle si nous n'avions aucune tentation ! "Heureux l'homme qui supporte patiemment la tentation ; car, après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que le Seigneur a promise à ceux qui l'aiment" (Jacques 1:12). Il vaut la peine de passer par toutes ces épreuves pour obtenir cette "couronne de vie" ! Sans elles, nous ne pourrions jamais l'obtenir.
Un jour, une dame invalide s'est procuré le cocon d'un très beau papillon, dont les ailes étaient particulièrement magnifiques, espérant avoir la joie de le voir sortir de son cocon dans sa chambre de malade. A mesure que le printemps passait, elle observait intensément le cocon. Un jour, elle vit avec joie que le papillon commençait à sortir. Mais il semblait éprouver de grandes difficultés. Il poussait, s'agitait, luttait, et semblait faire peu de progrès. Elle pensa qu'il fallait un peu l'aider. Délicatement, avec une paire de ciseaux, elle fendit le cocon qui semblait avoir du mal à s'ouvrir. Le cocon s'ouvrit aussitôt largement, et le papillon s'échappa sans avoir à lutter. Elle se félicita de la réussite de son intervention. Mais elle découvrit aussitôt que le papillon semblait avoir un problème. Ses grandes ailes étaient sans vie et sans couleurs, et pendaient lamentablement à ses côtés. Pendant quelques jours, le papillon mena une vie misérable, puis il mourut, sans jamais avoir ouvert ses grandes ailes. Cette dame fut très déçue et ne comprit pas ce qui s'était passé. Elle eut l'occasion de parler de son expérience à un naturaliste, qui lui dit qu'elle avait été responsable de la mésaventure de ce papillon. Il était nécessaire que le papillon lutte pour sortir de son cocon. Au cours de cette lutte, le liquide vital pouvait s'écouler dans les veines des ailes, pour achever leur développement. Le fait d'avoir coupé le cocon avait laissé les ailes sans vie et sans couleurs.
De même, nos ailes spirituelles, pour se développer pleinement, ont besoin des luttes et des efforts provoqués par notre combat contre les tentations. Eviter ces luttes et ces combats affaiblirait la puissance de notre âme. Nous ne pourrions pas "prendre notre envol comme les aigles", et nous serions privés de la "couronne de vie" promise à tous ceux qui auront patiemment supporté la tentation !
(Hannah W. Smith dans Le secret du chrétien pour une vie heureuse)
Source
Ensuite, ils font l'erreur de croire que la tentation est un péché, et de s'accuser de quelque chose dont seul l'ennemi est responsable. Cela attire sur eux un esprit de condamnation et de découragement. Quand on demeure dans le découragement, celui-ci finit toujours par produire le péché. L'ennemi s'empare facilement d'une âme découragée. C'est pourquoi nous chutons souvent à cause de la crainte même de chuter !
Pour régler la première de ces difficultés, il faut tout d'abord se référer aux déclarations de l'Ecriture, qui nous dit que la vie chrétienne est un combat permanent. Surtout à partir du moment où nous réalisons que nous sommes assis en Christ dans les lieux célestes. Car nous avons alors à lutter contre des ennemis spirituels, dont la puissance de tentation est bien plus grande que celle de tous les ennemis que nous avons pu rencontrer jusque-là. En fait, les tentations deviennent dix fois plus fortes une fois que nous sommes entrés dans la vie spirituelle plus profonde. Elles ne diminuent certainement pas ! Pourtant, ces tentations, quelle que soit leur puissance, ne doivent jamais nous faire croire que nous n'avons pas encore trouvé notre véritable demeure spirituelle. De fortes tentations sont en général le signe d'une grande grâce, plutôt que le contraire. Quand les enfants d'Israël ont quitté l'Egypte, le Seigneur ne leur a pas demandé de traverser le pays des Philistins. Pourtant, c'était le chemin le plus court. Dieu leur dit : "Le peuple pourrait se repentir en voyant la guerre, et retourner en Egypte" (Exode 13:17). Plus tard, quand ils eurent appris à Lui faire davantage confiance, Dieu permit que leurs ennemis les attaquent. Pourtant, tout au long de leurs marches dans le désert, ils ne rencontrèrent que peu d'ennemis, et n'eurent à combattre que peu de batailles, comparativement à tout ce qu'ils durent affronter dans la terre promise. Là, ils durent combattre sept grandes nations, et conquérir 31 rois, retranchés dans des villes fortifiées, ainsi que des géants.
Ils ne pouvaient pas combattre ces sept nations avant d'avoir pénétré dans le pays où elles vivaient. Ainsi, cher Chrétien, la puissance de vos tentations peut être simplement l'indication que vous êtes entré dans la terre que vous recherchiez, parce qu'il y a là des tentations particulières. Ne permettez jamais à vos tentations de vous faire croire que vous n'êtes pas encore entré dans votre "terre promise spirituelle" !
La seconde erreur n'est pas très facile à corriger. Il semble pourtant évident de dire que la tentation n'est pas le péché. Pourtant, la plupart des problèmes dans ce domaine viennent du fait que beaucoup de Chrétiens confondent tentation et péché. Une simple suggestion impure semble déjà souiller la pauvre âme tentée, qui ne reconnaît pas la nature du mal, et qui commence à se sentir très mal et très éloignée de Dieu pour avoir eu de telles pensées et de telles suggestions. C'est comme un voleur qui aurait pénétré par effraction dans une maison, et en aurait été chassé par le maître de maison, mais qui serait ensuite revenu pour accuser le propriétaire d'être lui-même le voleur ! C'est la ruse magistrale de l'ennemi pour nous prendre au piège. Il vient nous envoyer des suggestions impures, des pensées de doute, de blasphème, de jalousie, d'envie et d'orgueil ; puis il nous dit : "Comme tu dois être méchant et mauvais pour avoir de telles pensées ! Il est clair que tu ne fais aucune confiance au Seigneur ! Car si c'était le cas, il serait impossible que de telles choses entrent dans ton coeur !" Un tel raisonnement semble très plausible, au point que beaucoup d'âmes l'acceptent comme vrai. Elles se trouvent aussitôt sous la condamnation, et sont remplies de découragement. Il est ensuite facile pour le Malin de les faire tomber dans le péché. Dans une vie de foi, l'une des choses les plus fatales est le découragement. L'une des choses les plus salutaires est la joie. Un homme très sage a dit un jour que, pour vaincre la tentation, il y avait trois armes très utiles. La première était la joie, la seconde était encore la joie, et la troisième toujours la joie! Nous devons nous attendre à vaincre. C'est pour cela que le Seigneur a dit aussi souvent à Josué : "Fortifie-toi et prends courage !" "Ne t'effraye point, et ne sois point découragé !" "Fortifie-toi et aie bon courage !" Et c'est aussi pour cela qu'Il nous dit : "Que votre coeur ne se trouble point, et ne s'alarme point !" La tentation tire sa puissance du découragement de notre propre coeur. L'ennemi le sait très bien, et commence toujours ses attaques en essayant de nous décourager, s'il le peut.
Parfois le découragement vient quand nous sommes attristés ou dégoûtés d'avoir pu avoir de telles tentations. Mais cette mortification vient du fait que nous nous plaisions secrètement à penser que nos désirs étaient trop purs, et notre séparation du monde trop complète, pour être capable d'avoir de telles tentations. Nous avions une haute idée de nous-mêmes, et avons été très déçus de voir qu'il n'en était rien. D'où le découragement. Cette mortification et ce découragement sont bien plus graves que la tentation elle-même, quoiqu'ils aient une apparence de vraie humilité. Car ils ne sont rien d'autre que la conséquence d'un amour-propre blessé. Une véritable humilité peut très bien supporter que soient révélées notre folie et notre faiblesse. Elle n'attend rien de notre "ego," et sait que notre seule espérance et notre seule attente doivent être en Dieu. Au lieu de faire tomber notre âme dans le découragement, la vraie humilité la pousse à avoir une confiance encore plus grande dans le Seigneur. Mais la fausse humilité, qui vient de notre "moi" charnel, plonge notre âme dans un découragement qui est en fait un abandon de la foi, et qui n'est autre que le péché même qui cause sa détresse.
Je me rappelle avoir entendu une histoire qui avait été très parlante pour moi:
Satan avait convoqué ses principaux conseillers, pour savoir quelle était la meilleure manière de faire pécher un homme. Un esprit méchant se leva et dit : "Je sais comment le faire pécher !" Satan lui dit : "Comment feras-tu ?" - "Je lui montrerai tout le plaisir qu'il y a à pécher, tous les délices associés au péché, et toutes les satisfactions qui en découlent". Satan lui répondit : "Cela ne marchera pas. Car l'homme a déjà péché, et il en connaît les conséquences !" Un autre esprit méchant se leva, et dit : "Je sais comment le faire pécher !" "Comment feras-tu ?" lui demanda Satan. "Je lui montrerai les souffrances et les peines associées à la vertu. Je lui montrerai qu'il n'y a aucun plaisir dans la vertu, et qu'elle n'offre aucune satisfaction". Satan s'exclama : "Ah ! Cela ne marchera pas du tout ! Il a déjà essayé et il sait que les voies de la sagesse sont agréables et que tous ses sentiers sont paisibles". Alors un troisième esprit méchant se leva et dit : "Je sais comment le faire tomber dans le péché". "Comment feras-tu ?" lui demanda Satan. "Je le ferai tomber dans le découragement !" Alors Satan s'écria : "C'est ça ! Voilà la solution ! Nous allons pouvoir le vaincre !" Et c'est ce qu'ils firent.
Un écrivain de l'ancien temps a dit : "Tout découragement vient du diable". J'aimerais bien que tous les Chrétiens en soient convaincus, et ne l'oublient jamais ! Nous devons fuir le découragement, avec autant d'énergie que nous devons fuir le péché. Mais il nous est impossible de le faire, si nous ne savons pas qui est à l'origine de la tentation. Si nous étions responsables de la tentation, nous ne pourrions pas éviter d'être découragés. Mais ce n'est pas le cas. La Bible dit : "Heureux l'homme qui supporte patiemment la tentation ; car, après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que le Seigneur a promise à ceux qui l'aiment" (Jacques 1:12). Elle nous fait aussi cette exhortation : "Mes frères, regardez comme un sujet de joie complète les diverses épreuves (ou "tentations") auxquelles vous pouvez être exposés" (Jacques 1:2).
Il est donc clair que la tentation ne peut pas être le péché. En vérité, le péché, c'est de prêter une oreille complaisante à toutes les suggestions mauvaises qui se présentent à nous. C'est même un péché plus grave que le fait de prêter l'oreille aux jurons et aux paroles impures de ceux que nous croisons dans la rue. Le péché, dans les deux cas, consiste à s'arrêter et à écouter avec complaisance. Si nous recevons des suggestions mauvaises ou impures, nous devons donc nous en détourner aussitôt, de même que nous nous détournerions de conversations impures. Dans ce cas, nous ne péchons pas. Mais si nous les laissons entrer dans nos pensées, ou si nous en faisons un sujet de conversation, si nous les considérons plus ou moins volontairement comme vraies, alors nous péchons. Nous pouvons être tentés par le mal mille fois par jour, sans jamais pécher. Nous ne pourrons jamais empêcher les tentations. Mais si l'ennemi parvient à nous faire croire que les tentations qu'il nous envoie sont des péchés pour nous, il a déjà à moitié gagné la bataille, et ne tardera pas à remporter une complète victoire.
Une chère soeur vint un jour me trouver. Elle était complètement dans les ténèbres, pour la simple raison qu'elle ne connaissait pas cette vérité. Elle marchait depuis quelque temps avec beaucoup de joie dans une vie de foi. Elle avait été tellement libérée de toute tentation, qu'elle commençait à penser qu'elle ne serait plus jamais tentée. Mais soudain, elle fut assaillie par une tentation très particulière, qui l'horrifia. Dès qu'elle commençait à prier, toutes sortes de pensées abominables l'assaillaient. Elle avait vécu une vie très protégée et très innocente. Ces pensées étaient tellement horribles pour elle qu'elle crut qu'elle devait être la plus grande des pécheresses pour les avoir. Elle commença à se dire qu'elle n'était sans doute jamais entrée dans le repos de la foi, et finit par conclure qu'elle n'était jamais née de nouveau. Son âme était dans l'agonie du désespoir. Je lui dis que ces pensées horribles n'étaient que des suggestions de l'ennemi, qui venait la visiter dès qu'elle s'agenouillait pour prier. C'était lui qui déversait ces pensées en elle. Il ne fallait absolument pas qu'elle s'en rende responsable. Elle ne pouvait pas s'empêcher d'en avoir conscience, de même qu'elle ne pourrait pas s'empêcher d'entendre un homme impie prononcer des blasphèmes en sa présence. Je l'exhortai donc à considérer ces pensées comme des oeuvres de l'ennemi, de ne pas s'accuser elle-même, ni se décourager. Mais elle devait immédiatement se tourner vers Jésus pour Lui confier ces pensées. Je lui fis remarquer à quel point l'ennemi avait pris avantage sur elle en lui faisant croire que ces pensées venaient d'elle, et en la plongeant dans la condamnation et le découragement. Je l'assurai qu'elle pourrait remporter une rapide victoire si elle n'accordait aucune attention à ces pensées, en ignorant leur présence, et en s'en détournant pour regarder au Seigneur.
Elle s'empara de cette vérité. L'ennemi sait que si un Chrétien se rend compte que ces suggestions mauvaises viennent de lui, il s'en détournera bien plus vite que s'il est persuadé que ces suggestions viennent de son propre coeur ! Si Satan annonçait chacune de ses tentations par ces paroles : "C'est moi, Satan, ton ennemi acharné ! Je viens pour te faire pécher !", je suppose que vous n'auriez aucune envie de céder à ses tentations ! Il a besoin de se cacher pour rendre ses appâts attractifs. Nous remporterons une victoire bien plus facile si nous n'ignorons pas ses desseins, et si nous le reconnaissons dès qu'il s'approche.
En matière de tentation, nous faisons aussi une autre grande erreur, celle de croire que le temps passé à combattre la tentation est du temps perdu. Les heures passent, et il nous semble que nous ne faisons aucun progrès, parce que nous sommes tellement occupés à lutter contre les tentations. Mais il arrive souvent que nous ayons bien mieux servi Dieu pendant ces heures de combat, que pendant les moments où nous étions relativement épargnés par les tentations. En réalité, la tentation est bien plus la marque de la haine que Satan éprouve contre Dieu, que de celle qu'il éprouve contre nous. Il ne peut pas toucher à notre Sauveur, mais il peut blesser notre Sauveur en nous faisant chuter. S'il est heureux de notre ruine, c'est parce qu'il sait qu'elle touche le Seigneur. En réalité, nous menons donc les guerres de l'Eternel quand nous luttons contre la tentation. Dans ces circonstances, les heures que nous passons à combattre pèsent lourd. Il est écrit : "Heureux l'homme qui supporte patiemment la tentation". Je suis sûre que cela concerne aussi des tentations continuelles et fréquentes. Rien ne cultive autant la grâce de la patience que le fait de supporter patiemment la tentation. Rien ne peut autant rapprocher notre âme du Seigneur Jésus que de continuelles tentations. Finalement, rien ne concourt autant à la louange, à l'honneur et à la gloire de notre cher Seigneur, que l'épreuve de notre foi, au travers de diverses tentations. La Bible nous dit qu'elles sont plus précieuses que l'or, pourtant éprouvé par le feu. La Bible nous dit aussi que si nous supportons patiemment l'épreuve, nous recevrons une pleine récompense, la "couronne de vie que le Seigneur a promise à ceux qui L'aiment".
Nous n'avons donc plus le droit de nous étonner de cette exhortation que nous donne le Saint-Esprit, au début de l'épître de Jacques : "Mes frères, regardez comme un sujet de joie complète les diverses épreuves auxquelles vous pouvez être exposés, sachant que l'épreuve de votre foi produit la patience. Mais il faut que la patience accomplisse parfaitement son oeuvre, afin que vous soyez parfaits et accomplis, sans faillir en rien" (Jacques 1:2-4).
Il est donc clair que la tentation est le moyen béni choisi par Dieu pour nous perfectionner. C'est ainsi que les propres armes de l'ennemi se retournent contre lui. Nous voyons aussi que toutes choses, même les tentations, concourent au bien de ceux qui aiment Dieu.
En ce qui concerne la victoire sur la tentation, je crois qu'il n'est pas nécessaire de rappeler à ceux auxquels je m'adresse en ce moment, qu'elle doit être remportée par la foi. Car la foi est le fondement sur lequel repose toute notre vie spirituelle. Notre constant leitmotiv est toujours : "Nous ne sommes rien, Christ est tout". Partout et toujours, nous nous tenons debout, nous marchons, nous remportons la victoire, et nous vivons par la foi. Nous avons découvert notre propre impuissance personnelle, et nous savons que nous ne pouvons rien faire par nous-mêmes. Notre seule solution, par conséquent, est de confier toute tentation à notre Seigneur, en Lui faisant confiance pour qu'Il remporte la victoire pour nous. Mais nous ne devons jamais reprendre ce que nous Lui avons confié ! De même que nous nous sommes donnés à Lui pour être sauvés, nous devons nous donner à Lui de la même façon pour être vainqueurs. De même qu'Il nous a donné un salut complet, Il nous donnera aussi une victoire complète sur la tentation. Si nous avons été sauvés par la foi, nous devons aussi être vainqueurs par la foi !
Les victoires remportées par le Seigneur sur nos tentations, quand nous Lui faisons confiance, ne sont rien d'autre que des miracles. Des milliers de Chrétiens peuvent en témoigner.
Je ne peux pas développer à présent ce thème de la victoire sur la tentation, car mon objet était de parler de la tentation elle-même, et de la mettre pleinement en lumière. Je veux aider des âmes fidèles et consciencieuses à être délivrées de l'esclavage dans lequel elles tomberont certainement, si elles ne comprennent pas la vraie nature de la tentation, et l'assimilent à un péché. Je veux qu'elles sachent que les tentations constituent, après tout, un moyen inestimable d'assurer la progression de notre âme. Quelle que soit leur source, les tentations sont toujours utilisées par Dieu pour produire en nous de nombreuses grâces et bénédictions. Sans cela, la formation de notre caractère chrétien serait incomplète. Chaque fois que nous sommes tentés, Dieu est avec nous, contrôlant et maîtrisant la puissance de la tentation. Le saint dans le désert peut s'écrier : "Où étais-Tu, Seigneur, quand j'étais tenté ?" A cette question, le Seigneur répond avec tendresse : "Tout près de toi, mon fils, tout le temps !"
Les tentations nous mettent à l'épreuve. Nous n'aurions aucune valeur si nous n'étions pas éprouvés. Les tentations nous permettent de développer notre force spirituelle, notre courage et aussi notre connaissance. Et ce que Dieu désire le plus ardemment, c'est notre développement. Combien notre vie spirituelle serait superficielle si nous n'avions aucune tentation ! "Heureux l'homme qui supporte patiemment la tentation ; car, après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que le Seigneur a promise à ceux qui l'aiment" (Jacques 1:12). Il vaut la peine de passer par toutes ces épreuves pour obtenir cette "couronne de vie" ! Sans elles, nous ne pourrions jamais l'obtenir.
Un jour, une dame invalide s'est procuré le cocon d'un très beau papillon, dont les ailes étaient particulièrement magnifiques, espérant avoir la joie de le voir sortir de son cocon dans sa chambre de malade. A mesure que le printemps passait, elle observait intensément le cocon. Un jour, elle vit avec joie que le papillon commençait à sortir. Mais il semblait éprouver de grandes difficultés. Il poussait, s'agitait, luttait, et semblait faire peu de progrès. Elle pensa qu'il fallait un peu l'aider. Délicatement, avec une paire de ciseaux, elle fendit le cocon qui semblait avoir du mal à s'ouvrir. Le cocon s'ouvrit aussitôt largement, et le papillon s'échappa sans avoir à lutter. Elle se félicita de la réussite de son intervention. Mais elle découvrit aussitôt que le papillon semblait avoir un problème. Ses grandes ailes étaient sans vie et sans couleurs, et pendaient lamentablement à ses côtés. Pendant quelques jours, le papillon mena une vie misérable, puis il mourut, sans jamais avoir ouvert ses grandes ailes. Cette dame fut très déçue et ne comprit pas ce qui s'était passé. Elle eut l'occasion de parler de son expérience à un naturaliste, qui lui dit qu'elle avait été responsable de la mésaventure de ce papillon. Il était nécessaire que le papillon lutte pour sortir de son cocon. Au cours de cette lutte, le liquide vital pouvait s'écouler dans les veines des ailes, pour achever leur développement. Le fait d'avoir coupé le cocon avait laissé les ailes sans vie et sans couleurs.
De même, nos ailes spirituelles, pour se développer pleinement, ont besoin des luttes et des efforts provoqués par notre combat contre les tentations. Eviter ces luttes et ces combats affaiblirait la puissance de notre âme. Nous ne pourrions pas "prendre notre envol comme les aigles", et nous serions privés de la "couronne de vie" promise à tous ceux qui auront patiemment supporté la tentation !
(Hannah W. Smith dans Le secret du chrétien pour une vie heureuse)
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