Jean 6:19-21 et parallèles par les Pères de l'Eglise

Ayant fait environ vingt-cinq ou trente stades, ils voient Jésus marchant sur la mer et s'approchant du bateau, et ils eurent peur. Mais il leur dit : Je suis, n'ayez pas peur ! Ils voulaient alors le prendre dans le bateau, mais aussitôt le bateau toucha la terre vers laquelle ils allaient.

Augustin
Tandis que Notre Seigneur est dans les hauteurs des cieux, ses disciples qui sont restés dans la barque sont exposés à la violence de la tempête. Cette barque était la figure de l'Eglise, il faisait déjà nuit, et il n'y avait rien d'étonnant, la vraie lumière ne brillait pas encore, Jésus n'était pas encore venu les trouver. Plus approche le but des temps, et plus aussi on voit croître les erreurs et augmenter l'iniquité. En effet, l'amour est lumière, et suivant les paroles de Jean (1 Jean 2:9) : « Celui qui hait son frère demeure dans les ténèbres ». Les flots qui agitent le navire, la tempête, les vents sont les clameurs des réprouvés. L'amour se refroidit, les flots ne cessent de monter et de battre les flancs du navire, et cependant ni les vents, ni la tempête, ni les flots, ni les ténèbres ne peuvent briser la barque et l'engloutir, ni même l'empêcher d'avancer, car celui qui aura persévéré jusqu'au but sera sauvé. Ici le nombre cinq est l'emblème de la loi, renfermée dans les cinq livres de Moïse - le nombre vingt-cinq est la plénitude de la loi, puisqu'il est le produit du nombre cinq multiplié par cinq. En multipliant encore par six, on obtient le nombre trente, figure de la loi inaccomplie sans l'Evangile. Notre Seigneur vient donc trouver ceux en qui la loi sera accomplie dans l'Evangile, en marchant sur les flots, c'est-à-dire, en foulant aux pieds toutes les vaines enflures de l'orgueil et toutes les hauteurs du monde.

Jean Chrysostome
C'est avec dessein que l’évangéliste précise le moment de la traversée : il veut faire ressortir la vivacité de leur amour pour Jésus-Christ. Ils ne disent pas : "Le soir est venu, la nuit se fait", mais leur amour les pousse à s'embarquer malgré tous les obstacles qui se présentent : « Il faisait déjà nuit, » puis « La mer soulevée par un grand vent » - enfin le lieu où ils se trouvaient, la terre étant fort éloignée : « Lorsqu'ils eurent fait environ vingt-cinq ou trente stades. » [...] Une dernière difficulté, c'est l'apparition inattendue du Sauveur : « Ils virent Jésus marchant sur la mer et s'approchant de la barque, et ils eurent peur. » Il leur apparaît après les avoir quittés, il veut leur apprendre d'un côté ce que c'est que l'abandon et le délaissement, et rendre leur amour plus vif - et de l'autre, leur manifester sa toute-puissance. Cette apparition est pour eux une cause d'effroi : « Et ils eurent peur, » dit l'évangéliste. Aussi Notre Seigneur s'empresse de dissiper leur frayeur et de nourrir leur courage : « Je suis, ne craignez point. »

Bède le Vénérable
Il ne leur dit point : Je suis Jésus, mais simplement : « Je suis » parce qu'ils vivaient dans son intimité, et qu'au seul son de sa voix, ils purent facilement reconnaître leur maître. De plus, il voulut leur apprendre qu'il était celui qui dit à Moïse (Exode 3:14) : « Je suis celui qui suis, ». [...] De plus, cette barque ne porte point d'hommes indolents et paresseux, elle veut des rameurs vigoureux - c'est ainsi que dans l'Eglise ce ne sont point les âmes molles et nonchalantes mais les âmes fortes et qui persévèrent qui parviennent au port du salut éternel.

Théophylactus
Lorsque les hommes ou les démons s'efforcent de nous ébranler par la crainte, écoutons Jésus-Christ qui nous dit : « Je suis, ne craignez point, » c'est-à-dire je suis toujours près de vous, je demeure avec vous comme Dieu, et ne passe jamais - ne vous laissez donc point enlever par de vaines terreurs la foi que vous avez en moi. Voyez encore comment Notre Seigneur ne vient pas au secours de ses disciples au commencement du danger, mais longtemps après. C'est ainsi que Dieu permet que nous soyons au milieu des dangers, pour éprouver notre courage par ce combat contre les tribulations, et nous enseigner à recourir à celui-là seul qui peut nous sauver alors même que tout espoir est perdu. En effet ce n'est que lorsque l'intelligence de l'homme est à bout de ressources et déclare son impuissance, que le secours de Dieu arrive. Si nous voulons nous aussi recevoir Jésus-Christ dans notre barque, c'est-à-dire lui offrir une habitation dans nos coeurs, nous arriverons aussitôt au rivage où nous voulons aborder, à savoir Le Royaume.

(réalisé dans le cadre d'une lectio)

Articles les plus consultés (30 derniers jours)

Mat 6:9-13

Lier et délier

La Victoire