Peut-on devenir addict à Dieu ?

Cette question peut vous surprendre et c'est bien légitime. Afin de trouver une réponse à cette interrogation, il est primordial de comprendre ce qui fait que les personnes deviennent addictes à quelque chose.

L'addiction est en lien avec un neurotransmetteur qui est libéré quand nous avons des activités plaisantes et valorisantes, par exemple quand nous mangeons, buvons, avons un rapport sexuel, etc. Ces activités activent une zone bien particulière du cerveau qui libère la dopamine, que l'on appelle neurotransmetteur de la récompense ou du plaisir.

Une fois libérée, la dopamine renforce certaines connexions entre les neurones et nous apprenons à adopter des comportements qui, a priori, sont bons pour nous.

En addictologie, nous disons que l'addiction est une maladie de l'apprentissage.

Cette dopamine est également libérée quand nous consommons de la drogue ou de l'alcool. Ainsi, quand nous sommes mal dans notre peau, quand nous avons un sentiment de malaise et que notre cerveau a réalisé que telle substance ou tel comportement nous fait du bien, il nous pousse à y revenir car les drogues ont la capacité de détourner ce système à leur profit comme si elles nous enseignaient à avoir besoin d'elles pour vivre.

C'est cette petite voix dans le cerveau qui dit: donne-moi à boire, donne-moi à manger, donne-moi du sexe, etc...

Parmi les addictions, on peut aussi trouver les achats compulsifs, ce plaisir que nous avons d'acheter, y compris des choses que nous n'utiliserons qu'une seule fois, ou pas du tout. On trouve également l'addiction affective. En manque d'affection, nous allons chercher par tous les moyens quelqu'un qui puisse nous apporter suffisamment d'émotions affectives pour que nous obtenions notre dose de dopamine.

Malheureusement, cette sensation du premier bonheur ne sera jamais tout à fait la même par la suite et nous resterons inconsciemment en quête de ce « premier amour », qui ne reviendra pas. Mais le mécanisme sera mis en place.

De plus, à force de recevoir une certaine dose de dopamine, notre corps va s'y habituer et s'il ne l'a pas, il va être en manque. C'est comme cela que nous deviendrons dépendants.

Au vu de tout ce que nous venons de montrer, est-il possible d'avoir une addiction à Dieu ?

Pendant les presque 20 ans où j'ai travaillé dans le domaine de l'alcoolisme, j'ai toujours dit et vu qu'on pouvait faire un transfert d'addictions, par exemple passer de l'addiction à l'alcool à une addiction à Dieu. En effet, quand une personne découvre Jésus-Christ, ce qu'il a fait pour elle, son amour indéfectible, sa manière de la regarder comme un diamant en cours de taille, de l'accepter telle qu'elle est, indépendamment de ce qu'elle a bien pu faire dans sa vie, tout cela lui procure une joie intense et donc une sécrétion de dopamine. Il suffit que la personne, en plus, vive cette joie lorsqu'elle vient de passer un moment émotionnel, soit parce qu'elle a écouté une prédication, soit après un temps fort de louange, pour que son cerveau, comme pour les autres addictions, enregistre que ce type de message, de louange est très bénéfique pour elle et la pousse alors à rechercher ce même effet.

Ce processus est particulièrement à l'oeuvre lorsque quelqu'un découvre Jésus-Christ après un moment émotionnellement fort alors qu'il (ou elle) est mal dans sa peau.

Quelles vont être les conséquences d'un tel processus ?

Ces personnes vont chercher à participer aux soirées de louange, ce qui leur permettra de nourrir cette quête de dopamine, ou bien elles vont, notamment sur internet, être à l'affût de tous les messages qui pourront avoir le même effet.

Si nous analysons ce processus au travers du « Parent - Adulte - Enfant » de l'analyse transactionnelle, nous nourrissons la part « enfant » en nous, autrement dit cette part qui a à voir avec le plaisir, l'émotionnel. En revanche, nous aurons beaucoup de peine à nourrir la part « parent » qui a plus à voir avec la contrainte, l'apprentissage, donc avec une forme de déplaisir.

Le risque pour ces personnes, c'est d'être la proie d'abus spirituels, car leur foi est avant tout émotionnelle. Elles ne vont pas nourrir une réflexion profonde sur la Parole écrite de Dieu, bien au contraire. Tout ce qui sera du domaine de l'apprentissage, d'un temps d'étude ne les intéressera pas.

Attention, je ne dis pas qu'il ne faut pas de louange, mais que nous devons réfléchir à ce que nous allons rechercher quand nous louons Dieu. Si je prends l'exemple de la compulsion à la nourriture, manger est important, vital pour notre organisme. Mais une personne qui aura ce type d'addiction ne pourra pas s'arrêter de manger, et elle devra faire tout un chemin pour comprendre les causes de cette addiction et travailler dessus.

Il est donc important de s'interroger sur notre relation avec Dieu, sur la place à donner à la louange ou à la recherche de prédication dans cette relation, afin de ne pas être comme la foule de disciples dont on nous parle dans Jean 6:26 et suivant:

Jésus dit à la foule: « Vous me cherchez parce que vous avez mangé du pain à votre faim, et non parce que vous avez saisi le sens de mes signes miraculeux. Travaillez non pas pour la nourriture qui se gâte, mais pour la nourriture qui dure et qui est source de vie éternelle. Cette nourriture, le Fils de l'homme vous la donnera, parce que Dieu, le Père, a mis sur lui la marque de son autorité ». Ensuite la foule questionne Jésus et Il leur donne un enseignement sur le pain de vie, un discours qu'ils ne comprennent pas. Au verset 66, il est dit que beaucoup de ses disciples se retirèrent et cessèrent de faire route avec lui.

Ces personnes cherchaient le sensationnel, l'émotionnel. De plus, quand on regarde ce texte de plus près, Jésus nous parle d'incarnation. Ah! qu'il est bon de vivre une foi incarnée en nous, quelque chose de solide, de profond! Pour cela, il est important d'étudier la Parole écrite, d'aller chercher la compréhension des textes, de ne pas les prendre au premier degré. Ma prière, c'est que tous, nous puissions, ensemble, trouver cet équilibre entre une bonne louange et une lecture approfondie de la Parole écrite, et recevoir ainsi ce pain de vie offert par Jésus.

d'après Alain CharpillozSource

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