Voici ce que j'ai fait pour toi - toi, qu'as-tu fait pour moi ?
Steinberg était peintre à Düsseldorf, en Allemagne, il y a 300 ans. Il venait de recevoir une commande qui allait lui procurer un bon salaire... Cette commande était faite par une église pour orner l'autel. Le sujet du tableau commandé était la crucifixion de Jésus.
Bien que non-croyant, Steinberg connaissait bien ce récit. Il se mit au travail sérieusement, et au bout de plusieurs semaines le tableau était terminé.
En se promenant, il vit un campement de bohémiens. Son regard s'arrêta sur une jeune fille: il la trouvait idéale pour faire une esquisse! Il lui demanda si elle pouvait venir dans son atelier pour réaliser une peinture - bien sûr, il la rémunèrerait. Voilà qui allait le changer de son tableau religieux!
Arrivée à l'atelier du peintre, elle fut stupéfaite de voir ses toiles! Elle s'arrêta devant la peinture qu'il était en train de terminer, "la crucifixion".
- Qui est cet homme ? demanda-t-elle.
- Le Christ, répondit Steinberg.
- Qu'est-ce qu'on lui fait ?
- On le crucifie.
- Et qui sont ces gens autour de lui ? Ils ont l'air méchant...
- S'il vous plaît, laissez-moi me concentrer... Vous êtes ici pour poser, pas pour bavarder!
Chaque fois qu'elle venait, ce tableau la fascinait de plus en plus...
- Mais dites-moi, pourquoi on l'a crucifié ? Il était très méchant ?
- Non, il était très bon au contraire.
Après un long silence, elle continua:
- Mais alors, pourquoi l'ont-ils traité ainsi... ?
Le peintre poussa un long soupir et ajouta:
- Bon, écoutez, je vais vous le dire une fois pour toutes. Et puis ensuite, vous cesserez vos questions!
Il lui raconta alors la mort de Jésus - et il termina avec beaucoup d'indifférence, comme s'il récitait une leçon:
- Il est mort pour tous les pécheurs.
Il n'y avait aucune émotion dans ces mots. Ce n'était pas le cas pour la jeune bohémienne, qui avait les yeux remplis de larmes.
Mais "la danseuse espagnole" était terminée.
- Voici votre argent, avec en plus une belle pièce d'or: vous m'avez porté chance - le tableau est déjà vendu!
- Oh! Merci beaucoup... Mais, dites-moi, vous devez l'aimer beaucoup, celui qui est mort sur la croix, puisqu'il a souffert tout cela pour vous...
Elle partit sans avoir de réponse.
Mais ses paroles restaient gravées dans l'esprit de Steinberg. Il était tellement tourmenté qu'il se mit à aller régulièrement dans une église. Il fit une remise généreuse quand il vendit son tableau "la crucifixion", et cela le soulagea pendant quelques semaines. Mais cette phrase "Vous devez l'aimer beaucoup" l'empêchait d'être en paix - et même de travailler.
Quelque temps après, il rencontra des personnes qui allaient à une réunion dans une église qu'on qualifiait d'hérétique, parce que n'étant pas rattachée à l'église officielle. Ces personnes semblaient vivre cette paix qu'il recherchait tant.
Quelques temps plus tard, il découvrit lui aussi ce qu'il cherchait: une foi vivante (et non seulement religieuse).
Le prédicateur lui prêta son Nouveau Testament (rare à l'époque).
Steinberg comprit de mieux en mieux à sa lecture ce que le Christ qu'il avait peint avait fait.
Certains versets étaient clairs à ce sujet: "Voici comment Dieu a démontré qu'il nous aime: il a envoyé son Fils unique dans le monde pour que, par lui, nous ayons la vie. Voici en quoi consiste l'amour: ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c'est lui qui nous a aimés - aussi a-t-il envoyé son Fils pour apaiser la colère de Dieu contre le mal, par son sacrifice pour nos péchés" (1 Jean 4:9-10) - ou encore ces versets de Paul: "Je vis dans la foi du Fils de Dieu qui, par amour pour moi, s'est livré à la mort à ma place" (Galates 2:20).
Steinberg a pu alors dire: "Pour moi... Il a tout fait pour moi. L'amour du Christ brûle maintenant dans mon coeur - comment le proclamer autour de moi ? Mon pinceau proclamera l'amour de Dieu!" Il fit une autre représentation du Christ sur la croix qu'il offrit à la ville. Et son tableau fut suspendu dans la galerie des peintures. Au bas du tableau, il avait écrit: "Voici ce que j'ai fait pour toi. Toi, qu'as-tu fait pour moi ?"
On peut avoir, comme Steinberg, une certaine connaissance théorique de ce que Jésus a fait - sans que cette connaissance change quoi que ce soit dans notre vie. Mais c'est l'amour que le Seigneur a manifesté à la croix qui fait toute la différence. "Voici ce que j'ai fait pour toi. Toi, qu'as-tu fait pour moi ?" Ce que nous pouvons faire pour lui, c'est... l'aimer en retour.
A peu près 30 ans plus tard, le tableau se trouve toujours dans la galerie des peintures. Steinberg et Pépita sont tous deux décédés. Le peintre avait été appelé par Pépita juste avant qu'elle meure, et elle lui avait dit: "Il est venu pour moi aussi - il m'a tendu les mains, ses mains qui saignaient. Il m'a dit: 'Voici ce que j'ai fait pour toi'".
Nous sommes en 1725, un carrosse qui venait de Saxe en Allemagne arrive à Düsseldorf. A l'intérieur, le comte de Zinzendorf a 25 ans - il est jeune, riche, cultivé. Il a fait des études dans un lycée de Halle, en Hollande - on y enseignait l'importance d'une étude sérieuse de la Bible, la foi basée sur l'amour pour Dieu et pour les autres, le désir de vivre selon ce que Dieu veut, dans une communion vivante avec lui. Cela reprenait ce que l'apôtre Paul écrivait: "Quand j'aurais toute la science de tous les mystères et toute la connaissance, quand j'aurais même toute la foi jusqu'à transporter des montagnes, si je n'ai pas l'amour, je ne suis rien" (1 Cor 13).
Et cet amour de Dieu se découvre pleinement à la croix.
Zinzendorf s'était tourné vers Dieu pendant ses études, mais ensuite il avait remis en question sa vie avec Dieu. Il fait cette analyse: "A Halle, j'allais au Seigneur tout simplement - à Wittenberg, par la morale - à Dresde, par la philosophie - ce n'est que plus tard que je suis allé à lui par la simple doctrine de ses souffrances et de sa mort".
Il reconnaissait que sa vie avec Dieu n'avait trouvé la bonne direction qu'à la croix.
Avant, il avait cherché à plaire à Dieu en tâtonnant par la morale, la connaissance intellectuelle, les efforts personnels - en venant à la croix, il avait trouvé ce qui était essentiel. Comment cela s'est-il passé ?
Zinzendorf, en arrivant à Düsseldorf, s'arrêta pour que l'on donne à manger à ses chevaux. En attendant, il entra dans la galerie des peintures - il remarqua le tableau de Steinberg: il lut et relut le texte inscrit au bas du cadre - il ne pouvait s'en détacher. Il était saisi par l'amour du Christ qui le touchait profondément: "Voici ce que j'ai fait pour toi - toi, qu'as-tu fait pour moi ?"
Les heures s'écoulaient - le gardien du musée toucha le bras du comte pour l'avertir que les portes allaient bientôt fermer. Rentré à l'hôtel, il décida, non plus d'aller à Paris mais de revenir chez lui, en Allemagne. Sa vie avait changé à ce moment précis.
Il avait décidé de donner sa vie à celui qui avait donné la sienne. Il donna sa fortune, et reçut sur ses terres des chrétiens qui étaient persécutés en Tchécoslovaquie. Ce sont les frères moraves qui sont encore actifs.
Peut-être connaissons-nous beaucoup de choses sur Dieu - mais le plus important est de venir et de revenir à la croix, pour comprendre ce que le Seigneur a fait pour nous. En retour, que pouvons-nous faire, si ce n'est de lui offrir notre vie ? "Qu'attend de toi l'Eternel ton Dieu ? Simplement que tu le révères en suivant toutes les voies qu'il t'a prescrites, en l'aimant et en le servant de tout ton coeur et de tout ton être" (Deut 10:12). "Nous avons connu l'amour en ce qu'il a donné sa vie pour nous - nous aussi nous devons donner notre vie pour nos frères" (1 Jean 3:16).
La solution est de regarder à la croix - là, je serai saisi par l'amour du Seigneur qui est mort, séparé dans sa communion avec son Père, pour nous donner le pardon et la vie avec lui.
Dieu dit: "J'efface tes péchés comme un brouillard - reviens à moi car je t'ai délivré. Tournez-vous vers moi et vous serez sauvés" (Esaïe 44:22, 45:22).
"Voici ce que j'ai fait pour toi - toi, qu'as-tu fait pour moi ?" Dieu nous offre son amour, son pardon, sa vie - nous pouvons l'accepter (parce qu'il nous l'offre), mais nous pouvons aussi le refuser.
Si nous ne l'avons pas encore accepté, n'attendons plus - il veut remplir notre vie de sa présence.
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