La foi peut-elle rendre malade ?

Alors que les pratiques spirituelles laïques se développent et que la foi en Dieu est parfois questionnée, un pasteur et un psychiatre livrent leurs réflexions

Résumé de l'article (source à la fin)
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On peut devenir croyant parce qu’on est névrosé, mais être agnostique ou athée n’est pas la garantie que l’on est en bonne santé psychique.

La foi entretient un dialogue incessant avec la psyché et est de ce fait indissociable de ce qui fait le tissu intime de chacun ; elle peut donc à l’occasion entretenir un sentiment exacerbé de culpabilité ou renforcer une structure névrotique de la personnalité.

La théologie chrétienne occidentale a mis l’accent sur une vision juridique de Dieu et de la foi. Même si les choses sont en train d’évoluer, cela n’est pas sans conséquences, aujourd'hui encore, sur la perception que beaucoup de personnes ont de Dieu, des autres et d’elles-mêmes. La croyance en un Dieu flic, instance surplombante qui épie et surveille, envoie le malheur et punit, est encore très répandue. Celle-ci peut alors être récupérée par une quête de performance ou par un fantasme de toute-puissance : ce que je ne vais pas supporter chez moi, je vais encore moins le supporter chez autrui. Cela peut avoir pour conséquence de se poser en sauveur voire en gourou des autres.

En réaction au relativisme ambiant et à l’angoisse que peuvent susciter la modernité et sa complexité, certains trouvent dans des formes de foi « utilitaires », de quoi être rassurés, tranquillisés. La conformité à des rites, à des dogmes, à des textes considérés comme sacrés, est alors privilégiée. Au détriment d’une foi ouverte au questionnement, libératrice d’un carcan imaginaire de culpabilité. Dans des cas extrêmes, cela peut expliquer l’attrait pour les discours absolutistes et clivants (qui opposent le bien et le mal, « la » vérité et les référentiels communément admis, les élus et les réprouvés…) : ça peut être séduisant pour qui cherche des recettes toutes faites autant qu’un sens à son existence.

Il est cependant possible d’évoluer vers une foi adulte, notamment grâce à la dimension thérapeutique de la prière et à la fréquentation de la Bible (à condition qu’elle ne soit pas lue dans le but de renforcer une idéologie).

Quand une personne s’est engagée dans un processus de croyances qui vient apporter, sinon une colonne vertébrale, du moins une carapace à son existence tout entière, c’est extrêmement difficile, voire dangereux pour son équilibre psychique, de tenter de l’en déloger. Si on y arrivait, cela voudrait dire, pour la personne concernée, que c’est un gouffre, un vertige existentiel qui s’ouvre sous ses pieds…

Il est cependant possible de vivre une foi mature. Synonyme de « processus de croyance toujours en chemin », elle se caractérise par l’ouverture à autrui, l’interaction avec le monde et la capacité à assumer ses fragilités humaines.

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